Vieni avanti cretino
« Viens en avant crétin »
1982
Réalisé par Luciano Salce
Avec :
Lino Banfi
Franco Bracardi
Michela Miti
Gigi Reder
Jimmy Il Fenomeno
Dino Cassio
Adriana Russo
Alfonso Tomas
Le titre de ce film à sketchs, dont Lino Banfi est la vedette absolue, est un hommage explicite à la célèbre réplique des frères De Rege, et donc à la tradition du comique de l'avant-spectacle italien, des sketchs qui se faisaient avant le lever du rideau. De nombreux sketchs du film sont des classiques de ce genre, comme celui sur l'équivoque cabinet du dentiste / maison de rendez-vous. D'autres sketchs ont été improvisés comme la séquence du dialogue en dialecte de Bari sous-titrée en arabe ou la chanson anglo-ibérico-pouillaise.
Le film s'ouvre sur un monologue de Lino Banfi, assis dans une loge improvisée dans une salle de bains et entourée d'autres loges plus luxueuses destinées à des stars d'Hollywood dont le nom apparaît au générique.
Le cadre de l'histoire est le suivant : Pasquale Baudaffi est un prisonnier qui vient d'être relâché (alors qu'il s'apprêtait à s'évader !) ; il retrouve son cousin (Franco Bracardi) qui travaille dans un bureau de placement, et qui va tenter de lui trouver un emploi pour l'aider à se réinsérer dans la société.
Tel est le point de départ d'une série de scènes qui vont donner à Lino Banfi la possibilité d'exprimer tout son génie comique.
Il se rend d'abord dans un cabinet de dentiste qu'il croit être un bordel qu'il a fréquenté avant son arrestation. Occasion de doubles sens entre les protagonistes, l'assistant du dentiste et un ingénieur dans la salle d'attente (Gigi Reder).
Suit un entretien pour devenir garde-chasse communal, qui n'aboutit pas faute de connaissances suffisantes en ornithologie.
La tentative suivante sera comme garagiste auxiliaire. Pour arranger le garagiste, malade du cœur, il accepte de rester au garage pendant une nuit, et peut profiter du repas préparé par la femme du garagiste. Cela finira par le vol de toutes les voitures du garage par un groupe de frères siciliens persuadés que leur sœur libertine se cache dans le garage (occasion d'une scène fort drôle entre la sœur – Michela Miti – débarquée à l'improviste et généreuse de ses charmes et Lino Banfi, qui n'en croit pas ses yeux !).
Un autre emploi comme garçon de bureau, dans une entreprise dirigée par un rond-de-cuir revêche, finira en catastrophe avec un épisode rocambolesque où, pour rattraper de la paperasse balayée par un courant d'air, il sort sur la corniche, puis se retrouve dans un appartement où repose sur un lit une femme en tenue légère, dont le mari surgit, le menace d'une arme et le force à se déshabiller ; enfin rhabillé, mais avec les tenues de la femme, il est de retour dans le bureau du directeur en entretien avec un prélat outré qui annule aussitôt ses subventions à l'entreprise !
Au cours d'un essai comme serveur dans un café, notre héros va être mené au bord de l'exaspération par un couple de clients en pleine dispute (dont il confond burlesquement le protagoniste masculin avec Roberto Benigni pour son accent et aussi son aspect), à cause d'un mésinterprétation des propos de ces derniers, pris pour des changements incessants de commande ! Il se fera aussi rudoyer par le patron du bar, jusqu'à ce qu'il craque, dans un sommet de délire burlesque.
Employé de maison dans une luxueuse et austère demeure catholique, où a lieu une fête espagnole, il va prendre par accident la place d'un ténor et se mettre à interpréter une sérénade dans un mélange de dialecte pouillais et d'espagnol macaronique, provoquant en outre une catastrophe digne de La party (avec Peter Sellers) !
Recruté dans une usine d'électronique, pour y effectuer une besogne d'abord très simple et automatique puis de plus en plus compliquée mais absurde, il va perdre les pédales, et comprendre pourquoi son patron (Alfonso Tomas) est complètement toqué ! Époustouflant numéro digne des Temps modernes de Chaplin !
Après s'être retrouvé clochard, il atterrit chez une milliardaire lubrique, dont il a retrouvé par hasard le toutou, et qui veut l'adopter, mais le film se finit par le jugement des actes du héros par le réalisateur lui-même et il doit être fusillé par un peloton armé de... tartes à la crème !
Cette sublime comédie est un prodigieux étalage des multiples facettes du talent de Lino Banfi. Outre les sketchs présentés, il y a de nombreuses petites saynètes qui sont autant d'occasions pour le comédien de cabotiner pour notre plus grand plaisir. Mentionnons la scène où le héros rencontre un prêtre en pèlerinage, qui le confond avec un ami d'enfance, et dont les manières sont plutôt rudes et on assiste à un prodigieux échange de baffes ! (Notons que l'ami d'enfance en question s'appelle Pasquale Zagaria qui se trouve être le vrai nom de Banfi.) La scène où il défend son cousin que sa femme accuse de découcher, en tentant d'interpréter son mime peu discret dans le dos de celle-ci, est égalemnt grandiose.
En vérité, un must pour tous les admirateurs du génial Lino Banfi.
Musique de Fabio Frizzi.
Bande-annonce italienne :